Plus de cinq millions de français peuvent être considérés comme ayant, à des degrés divers, un Syndrome de l’Intestin Irritable (SII). Ceux-ci représentent la moitié des motifs de consultation en gastro-entérologie.

L’appellation « officielle » de la pathologie est Syndrome de l’intestin irritable (SII). Vous trouverez dans cet article d’autres termes pour cette même pathologie (colopathie fonctionnelle, colopathie, syndrome du colon irritable).

Le syndrome du colon irritable se définit par la coexistence de douleurs abdominales chroniques et de troubles du transit (constipation, diarrhée, alternance des deux).

PHYSIOPATHOLOGIE DE LA COLOPATHIE FONCTIONNELLE

La colopathie fonctionnelle est une maladie multifactorielle qui implique des perturbations de la motricité et des troubles de la sensibilité digestive pouvant être favorisés par un état inflammatoire intestinal a minima, des facteurs endoluminaux (flore bactérienne, nutriment) et enfin des facteurs psychologiques qui modulent l’expression clinique des troubles sensitifs et ou moteurs ainsi que leur vécu et qui conditionnent l’importance du recours au soin.

LES TROUBLES DE LA MOTRICITÉ

Instant d’anatomie : L’intestin grêle mesure entre 3 et 6m, il zigzague tout le long de son trajet. Le dernier mètre seulement s’occupe des excréments, le reste est très rose, propre, (et quasiment sans odeurs). 

L’intestin veut nous offrir la plus grande surface d’échanges possible. 

Il est constitué de plis qui sont eux mêmes constitués de villosités ce qui crée une immense surface digestive (à plat environ 7km). L’aspect est « velouté ».

La fonction de cette partie de l’abdomen est primordiale et est favorisée par cette immense surface : elle permet d’absorber un maximum de composé bon à l’organisme et à la composition du sang et en excluant tout ce qui ne l’est pas.

Le gros intestin s’occupe de ce qui n’a pas pu être assimilé dans l’IG. Il accueille  les bactéries intestinales qui s’occupent de dégrader pour nous le reste du repas. Les parois du gros intestin abritent un grand nombre de cellules immunitaires qui nous protègent contre tout mauvais germe.

Il aborde sa fonction très minutieusement en absorbant toutes les petites molécules qui n’auraient pas été absorbées (vitamine, acide gras). Il a une implication directe dans l’équilibre hydro-sodé.

Dans la colopathie, les troubles de motricité et les symptômes touchent l’intestin grêle et le colon. Il y a parfois des coincidences entre les anomalies motrices et la symptomatologie que présente le patient.

Pour l’intestin grêle, les troubles de la motricité concernent la motricité inter digestive et post prandiale (d’autant plus si le patient à tendance à présenter une diarrhée chronique).

Pour le colon les perturbations motrices sont surtout présentes après les repas.

Avec l’alimentation, le stress est un second facteur identifié pouvant déclencher des troubles de motricité.

LES TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ

mal de ventre

Dans le syndrome de l’intestin irritable, l’hypersensibilité viscérale affecte 60% des malades surtout pour les « diarrhéiques ».
C’est la perception de façon pénible des phénomènes physiologiques normaux comme la distension intestinale par les gaz ou des contractions intestinales.
L’origine de l’hypersensibilité demeure mal comprise.


INFLAMMATION, FLORE ET COLOPATHIE FONCTIONNELLE

Dans la colopathie fonctionnelle, l’écosystème intestinal joue un rôle important dans les troubles du transit et dans le déclenchement et l’entretien de la douleur abdominale.

La flore intestinale « globale » comprend la flore dominante et la flore de passage d’origine exogène.

La flore intestinale joue un role dans la motricité et la sensibilité digestive.

Elle exerce également une activité catabolique vis à vis de nombreux substrat et favorise la production de gaz et d’acide gras, ces derniers modulent la motricité digestive.

INFLUENCE DES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES DANS LE SYNDROME DE L’INTESTIN IRRITABLE

Les troubles psychologiques dans le syndrome de l’intestin irritable sont identifiés dans 30% des cas (angoisse, phobie, depression, événements de vie douloureux, exposition régulière à des événements stressant).

Ce sont des facteurs significativement associés à une plus grande sévérité des symptômes.

L’intestin grêle et le cadre colique sont richement innervés à tel point que certains scientifiques considèrent l’abdomen comme notre deuxième cerveau. De nombreux liens physiologiques et nerveux sont d’ailleurs mis en évidence entre ces deux structures. Selon des études, l’humeur de certaines personnes pourrait dépendre de leur « bien être » abdominal.

CLINIQUE DE LA COLOPATHIE

La clinique du syndrome de l’intestin irritable associe 3 signes :

  • La douleur
  • Les ballonnements
  • Les troubles du transit

La symptomatologie fonctionnelle peut s’enrichir de signes digestifs hauts (pyrosis, pesanteur, satiété précoce) et de symptôme extra dig (céphalée, myalgie, asthénie, pollakiurie).

LES APPROCHES THERAPEUTIQUES

Règles de bonne conduite en cas de syndrome du colon irritable

  • Avoir conscience de ce que l’on incorpore, prendre le temps de manger. Nous devons être satisfait à chaque repas. Il y a un intérêt majeur à cuisiner
  • Repas structuré, pris à heure régulière dans le calme
  • Cuisine particulièrement digeste (ex: attention aux graisses)
  • Apport hydrique suffisant (Boire 1L/ 1,5L d’eau par jour)
  • Pratique d’une activité physique (elle favorise les mouvements diaphragmatiques par le jeu de la respiration, les mouvements intestinaux et donc l’évacuation intestinale).
  • Tests d’exclusion et réintroduction d’aliments
  • L’hypersensibilité peut être appréhendée par l’apprentissage et la gestion du stress (yoga, sophrologie).

NB:

  • De nombreuses personnes sensibilisent les individus souffrant de « colopathie », à faire attention à la présence dans l’environnement de métaux lourds et notamment dans la cavité buccale (ex: amalgame dentaire).
  • Le professeur Henri Joyeux nous fait part de ses réflexions sur l’ostéoporose et des maladies chroniques intestinales dans une de ses newsletters sur « l’incroyable régime Seignalet » (exclusion des produits laitiers d’origine animale et du gluten).

L’approche ostéopathique

L’ostéopathe peut avoir une action directe sur les troubles de la motricité et de la sensibilité et peut orienter le patient sur des approches pouvant régulariser l’inflammation de la flore.

L’ostéopathe de part sa connaissance en anatomie est capable d’investiguer toute la sphère abdominale à la recherche de tensions. Le but étant d’éliminer ces dernières en travaillant les organes en rapport. Nous pouvons donc avoir une interaction sur des organes ciblées ou sur des éléments constitutifs du « cadre colique » à savoir certaines pièces osseuses qui pourraient être « bloquées », en rapport direct avec les intestins (le bassin, les cotes). Mais nous pouvons également travailler certains systèmes nerveux sur les « afférences » et « efférences » qui partent et arrivent sur des organes « dysfonctionnels », pouvant être responsable de la douleur. Cette dernière est souvent liée à l’inflammation de la muqueuse qui entraine une sur-stimulation des fibres nerveuses de la muqueuse.

L’ostéopathe devra étudier certaines fonctions de l’organisme comme la digestion ou encore la respiration.

L’apprentissage et la visualisation de sa respiration permet un massage de l’intestin et un relâchement des tensions liées au stress.

L’ostéopathe devra également avoir des informations sur l’alimentation de son patient et les possibles produits irritants de l’environnement, susceptibles de maintenir l’inflammation de la muqueuse. Il pourra notamment donner des conseils simples, efficaces et adaptés à la symptomatologie précise du patient.

De plus il sera nécessaire de comprendre le contexte émotionnel du patient, le stress étant un facteur de risque important dans ce genre de pathologie, il faudra proposer des solutions pour limiter les effets néfastes de ce dernier.

Un ostéopathe sérieux et responsable se doit d’envisager une approche collaborative : au-delà de l’indispensable suivi effectué par le médecin traitant ou par le gastro-entérologue, il peut conseiller et guider le patient sur son hygiène de vie physique et alimentaire, ou encore travailler en collaboration avec des professionnels de santé qu’il pourra recommander (nutritionniste, phytothérapeute ou psychologue).

  • La phytothérapie utilise des plantes médicinales souvent précieuses dans l’approche de cette pathologie.
  • principe hippocratique : « que ton aliment soit ton seul médicament ».

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